CLOWN ET CHAMANISME

La dérision, le comique et le rire côtoient le sacré à travers l’ensemble de nos sociétés.
Dans les contes, les mythes, les arts,
mais aussi dans de nombreux rituels et cérémonies traditionnelles.
Cette rencontre du rire et du sacré est souvent incarnée par des personnages singuliers, pluriels, étranges, sombres et lumineux,
que l’on pourrait regrouper sous un même nom :
le Fripon Divin
Ce clown-sacré ne demande qu’à grandir et à prendre toute sa place dans la communauté d’aujourd’hui. A travers les pratiques du clown et du chamanismes, nous avons alors l’opportunité de nous (re)connecter avec cette figure puissante, impressionnante, dérangeante, décalée et évidemment drôle.

Terrain de jeu sans limite, la pratique du clown est un voyage à travers ses sensations, son imaginaire et toutes les parts de soi, connues ou inexplorées : nos défauts deviennent nos alliés, nos jugements partent en fumée et les monstres qui sommeillent en nous peuvent enfin se trouver beaux.

Le clown est un état de présence au monde, une ouverture qui permet de se laisser traverser tout entier par ce qui arrive, pour notre plus grand vertige et pour notre plus grande jubilation. Le clown est un révélateur de notre humanité.

spectacle du gran bazar vivant sur la péniche antipode

Outre le fait que certains attributs et rituels des deux pratiques se ressemblent beaucoup (le masque, le costume, l’exubérance, la mise en scène), l’état du clown se rapproche sensiblement de l’état du chaman.

Ils bâtissent leurs existences autour de piliers communs, notamment le libre arbitre, l’auto dérision et l’auto guérison. Pour l’un comme pour l’autre, les barrières (culturelles, générationnelles, morales…) tombent, les échelles de valeurs sont inversées, le ridicule est une qualité et la folie devient sagesse. Ils jonglent avec l’espace et le temps tout en étant pleinement reliés à l’ici et maintenant. Ils sont des passeurs, en équilibre entre le rêve et le réel, dans un état de vigilance aigüe qui leur permet de danser entre les mondes et de se jouer de tout.

Le clown et le chaman ont aussi en commun une hypersensibilité à toute épreuve. Elle seule peut leur donner accès à l’harmonie et à la poésie de ce qui traverse l’instant : énergies, émotions, idées, pensées, tensions, intentions, fulgurances, messages, sons, odeurs, saveurs, visions, sensations… Sans cesse, ils pétrissent, malaxent et modèlent cette matière pour la transformer, pour se réinventer, vivre et renaitre, dans une présence toujours en mouvement.

Le clown et le chaman sont des alchimistes de l’instant présent.

 

« Mon père était un homme à part chez les Lakotas : c’était un heyoka et un wapiya, une sorte de magicien. (…) Le heyoka est à la fois plus et moins qu’un homme médecine. C’est un « contraire », un homme qui fait tout à l’envers. On le craint, et il se craint un peu lui-même avec ses pouvoirs étranges. Il est le chagrin et le rire intimement mêlés, il incarne à la fois le ridicule et le sacré. »

Archie Fire Lame Deer au sujet de son père John Fire Lame Deer

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